L'Afghanistan du provisoire au transitoire

Kacem Fazelly était professeur de droit à l'université de Kaboul. Il vit en France depuis 1980. Devenu chargé de cours aux universités Paris I et Paris V, il défend la cause d'un Afghanistan démocratique et moderne.

Kacem Fazelly, diplômé des Universités françaises (licence et doctorat en droit), professeur et ancien avocat à Kaboul, est depuis 1960 témoin des bouleversements qui sont à l'origine des antagonismes de la fin du XX^e siècle. Il connaît tour à tour le dépérissement de la monarchie et l'avènement de la république. Puis il vit, dans la tourmente, la dernière manifestation de l'expansionnisme soviétique et l'illusion de la révolution prolétarienne dont le naufrage fait de l'Afghanistan un pays brisé. Viennent ensuite le djihad et les tentatives déplorables et avortées d'instauration d'un État islamique dont la dérive favorise l'avènement d'une forme moyenâgeuse d'«émirat islamique», le régime des talibans.

Exilé et installé depuis 1980 en France, Kacem Fazelly a eu l'occasion d'approfondir ses analyses en vivant sur le terrain les différentes phases de la tragédie afghane, mais aussi en enseignant, d'abord à l'université Paris I - Sorbonne, ensuite à l'université Paris V - René-Descartes. Ses travaux juridiques à titre de conseiller au ministère des Télécommunications en France lui ont valu par ailleurs de se voir décerner les palmes académiques.

Profondément déçu par l'évolution de la situation en Afghanistan, il répond en 1999 à l'appel de l'ancien roi et participe très activement à la relance du mouvement de la loya djirga à Rome. Au lendemain du 11 septembre 2001, du fait de la «nouvelle donne», et riche des enseignements acquis au contact de la crise afghane, il se trouve en situation de participer à une expérience unique sur l'arène internationale.

Placé à la tête du gouvernement issu des accords de Bonn, Hamed Karzai le nomme ministre conseiller chargé de la loi, travail qu'il entreprend avec enthousiasme mais qu'il interrompt en raison de l'ancrage grandissant des institutions tant politiques que judiciaires dans le fondamentalisme islamique avec pour conséquences la réémergence des talibans et un déplorable repli corporatiste et ethnique.