Fiche technique
Format : Relié sous jaquette
Nb de pages : 207 pages
Poids : 1550 g
Dimensions : 23cm X 31cm
EAN : 9782735702503
L'Algérie oubliée
images d'Algérie (1910-1954)
Quatrième de couverture
À quoi ressemblait l'Algérie «française» des cinquante premières années du siècle dernier, et plus particulièrement des années 1930, au moment de la célébration du centenaire de la conquête? Deux cents photographies, choisies parmi les 200 000 clichés de l'extraordinaire fonds Combier, en donnent ici un aperçu. Ce témoignage inédit constitue, selon les termes de Benjamin Stora dans sa préface, «une sorte de précipité historique [qui] procure l'impression étrange et déroutante de plonger dans un univers à la fois proche d'une France provinciale du début du XXe siècle et d'un pays très différent, éloigné de l'Occident».
Destinées à l'origine à la fabrication de cartes postales, ces photographies sont bien sûr déterminées, dans le choix de leurs sujets comme dans leurs «poses», par le regard colonial. Mais, en dépit de ce filtre, elles sont d'abord tout ce qui reste d'un pays et d'un moment volés à l'oubli qui recouvre peu à peu les traces de cette histoire: celle des villes méditerranéennes aux entrelacs de ruelles, celle des villages perchés sur les montagnes, celle des antiques cités maritimes et du grand désert africain, que l'urbanisation coloniale modifie et modernise. Elles laissent poindre aussi quelques éclats de vérité: à travers l'objectif du photographe, c'est tout un peuple aux traditions séculaires et la diversité de ses visages qui se révèlent. En contrepoint des photographies, un texte retrace ce moment d'histoire tandis que des témoignages viennent apporter leur éclairage à ces images d'Algérie.
«L'accumulation de photos signale la chronique fébrile, derrière une apparente quiétude, d'un pays dont les brusques mutations économiques et sociales sont grosses de contradictions, et de tragédies lorsque l'on connaît la fin de cette histoire. Le travail de rassemblement photographique soulève alors une question, essentielle: pourquoi tous les gens qui ont vécu ensemble si longtemps [près d'un siècle et demi!] n'ont-ils pas réussi à se rassembler, à se "ressembler"?»
Benjamin Stora
L'Algérie effacée... effacée de nos mémoires, du moins en apparence. Effacée de l'histoire puisque la guerre d'Algérie, du point de vue français, resta longtemps une «opération de maintien de l'ordre». Algérie effacée concrètement de la vie d'un million d'«Européens», qui choisirent «la valise [plutôt que] le cercueil». Effacée aussi du point de vue des Algériens, contraints de vivre en marge dans leur propre pays durant quelque cent trente ans.
Cet effacement ne peut que ressortir, comme une couleur de fond, du choix iconographique qui a été fait pour cet ouvrage: les clichés sélectionnés restituent une réalité dissimulée derrière tous les attendus et les a priori. Mais ces instantanés lèvent aussi un coin du voile qu'ils révèlent.
Dans ce choix, il ne s'est donc pas agi de mettre la période coloniale entre parenthèses et d'en gommer la réalité. Au contraire, ces photographies ont le rare privilège de transmettre sur l'Algérie un regard pluriel, dans ce qu'il saisit comme dans ce qu'il renvoie, qui peut donc être reçu par tous, les rapatriés d'hier et les Algériens d'aujourd'hui, ou les amoureux d'un pays qui se nomme Algérie.