Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 589 pages
Poids : 792 g
Dimensions : 15cm X 22cm
EAN : 9782846360388
L'anneau de Clarisse
grand style et nihilisme dans la littérature moderne
Quatrième de couverture
Traduit de l'italien par Marie-Noëlle et Jean Pastureau
L'anneau que Clarisse, le plus bouleversant peut-être des personnages de Musil, ôte de son doigt, et qui se révèle ainsi dépourvu de centre, est le symbole de la totalité perdue, de cette «anarchie des atomes» diagnostiquée par Nietzsche et dont découlent la crise du sujet, celle des valeurs, celle aussi du langage, celle enfin de la littérature et de l'art qui se donnaient pour but de représenter cette totalité de la vie.
Cette crise de la fin de siècle a été ressentie et exprimée avec une intensité particulière en Autriche, où elle a coïncidé avec le crépuscule de l'empire habsbourgeois. Aux oeuvres d'auteurs tels que Hofmannsthal, Rilke, Blei, Musil ou Doderer répondent dans l'espace scandinave celles de Jacobsen, Ibsen ou Hamsun et encore ailleurs en Europe celles de Walser, Svevo, Sperber ou Canetti. Il n'est pas jusqu'aux États-Unis où l'exilé - ici Isaac Bashevis Singer - ne garde la nostalgie d'un univers familier détruit par la violence de l'Histoire.
Les grands textes magistralement analysés par Claudio Magris dans cet essai - invitation à de vastes et passionnantes lectures ou relectures - peuvent nous aider à envisager plus lucidement la condition de l'homme moderne: profondément divisé, égaré dans la «prose du monde», il doit garder vivante la nostalgie d'une unité perdue pour éviter le piège d'une «nouvelle innocence» qui ne serait que le renoncement à l'existence individuelle et à l'exigence d'un sens.