L'année 1919

L'année 1919 : Le traité de Versailles vu par un civil

Auguste Vonderheyden, alsacien d'origine, est âgé de 69 ans en 1919. Professeur émérite d'allemand, il continue l'écriture de ses cahiers dont il avait commencé la rédaction le 22 août 1914. En 1919, il suit l'ouverture de la Conférence de la paix à Paris, devenue en cette occasion une ville au rayonnement mondial où affluent chefs d'État, diplomates, secrétaires d'État, hommes politiques, conférence qui mène à la signature du traité de Versailles le 28 juin 1919.

Ce traité ne règle pas les problèmes de la vie quotidienne des Français : difficultés de ravitaillement, de déplacements. L'auteur qui se veut pédagogue et s'appuie sur son expérience d'ancien combattant de la guerre de 1870 et sur sa connaissance du fait militaire (il a suivi tous les événements de la Grande Guerre) relate toutes les difficultés ressenties par les Français mais il se laisse abuser parfois par sa fibre patriotique et se range résolument du côté de ceux qui refusent tout compromis avec l'ennemi. Vers la fin de sa vie, A. Vonderheyden est un homme en colère, mécontent de la situation dévolue à la France et il se montre très insatisfait des conditions de la paix. Il est amer, une amertume qui correspond à un niveau d'information et de préoccupation élevés, son témoignage prend fin avec ces derniers cahiers et on a l'impression de quitter, un ami atrabilaire, parfois clairvoyant, qui anticipe les conflits à venir. Un siècle après, la question se pose, à notre époque de surinformation, désinformation, de savoir si cette sagacité d'un homme ordinaire, assez extraordinaire, est encore à notre portée. Difficile d'oublier ce citoyen attentif et patriote.