Fiche technique
Format : Relié
Nb de pages : 185 pages
Poids : 500 g
Dimensions : 30cm X 21cm
EAN : 9782908799606
L'arc et la flèche
Quatrième de couverture
Longtemps occultée par la prééminence souveraine du port, facteur historique d'opulence et d'ouverture au Monde, la question lancinante de savoir si Bordeaux est une ville interrompue par un véritable bras de mer ou une agglomération traversée, voire déchirée par un trop large fleuve, se pose, depuis quelques décennies, avec une acuité accrue. Faut-il accepter - et maintenir - cette dualité savoureuse des deux rives complémentaires ? Ou bien, reniant à la fois un passé prestigieux et une activité maritime renaissante, doit-on céder, au prix de "franchissements" multipliés et de banalisation globale, à une volonté d'uniformisation urbaine, si manifestement contraire au génie du lieu ?
Ce livre n'a, cependant, aucune visée pamphlétaire. Loin de tout arbitraire théorique, il se borne, en associant les dessins aigus de Jacques Guibillon et mes propres "carnets de route", à relater un certain état du paysage, au cours d'un périple effectué en bordure du fleuve, de Bègles à Bacalan, de Lormont à La Bastide, en ce début d'été 2001, alors que, partout, fermente un vaste chantier de démolition et de construction quasi simultanées.
Car tout, soudain, s'accélère et s'emballe en ce confus écorché vif où surnagent, encore épargnés - mais pour combien de temps ? - des pans entiers de nature vierge (le Point du Jour et ses immenses roseaux, les friches bastidiennes), des reliquats de l'héritage portuaire (les bassins à flot, le port gabarrier), des enclaves chaleureuses où l'alliance pluriséculaire entre l'Homme et le Fleuve se maintient, par fragile miracle (appontements précaires des pêcheurs d'aloses ou de lamproies...).
Ce sont, peut-être, ces humbles "choses vues" qui, fixées en pleine mutation par le crayon et la plume, resteront encore le plus vivant témoignage sur tout un univers en train de sombrer, là, sous nos yeux, sans que nous en prenions pleine conscience, mais dont, demain, nous mesurerons la perte au vide que sa destruction laissera dans notre mémoire et notre regard.