L'art brut

«Des productions artistiques dues à des personnes obscures, et présentant un caractère spécial d'intervention personnelle, de spontanéité, de liberté à l'égard des conventions et des idées reçues...» : telle est la définition de l'art brut donnée en 1949 par la Compagnie de l'art brut. Créée deux ans plus tôt, elle a comme membres fondateurs le peintre Jean Dubuffet et l'écrivain André Breton, qui sont parmi les premiers collectionneurs d'œuvres imaginées par des artistes autodidactes.

Avant eux et dès la fin du XIX^e siècle, seuls quelques médecins s'étaient intéressés au travail de ces auteurs considérés comme des simples d'esprit ou des fous.

Aujourd'hui où l'Occident relativise la valeur de sa culture classique, les grandes femmes nues imaginées par Aloïse, l'institutrice, les labyrinthes remplis de mots et de notes de musique conçus par Wölfli, le valet de ferme, ou les machines géantes fabriquées par Müller, le vigneron, sont des mystères troublants qu'on ne peut plus ignorer. L'intensité des couleurs, la richesse des graphismes et l'inventivité des formes élaborées par ces artistes dits «bruts» invitent l'art contemporain officiel à une salutaire remise en cause.

En analysant douze chefs-d'œuvre, choisis dans la Collection de l'art brut de Lausanne, tout en évoquant le travail d'une centaine d'artistes, cet ouvrage permet d'acquérir un savoir riche et fascinant, contribuant ainsi à une pleine reconnaissance de l'art brut.