L'art gravé azilien

Analyser les comportements techniques des artistes préhistoriques pour comprendre leurs motivations, leur filiation culturelle et la signification de leurs œuvres est un des enjeux les plus fascinants auxquels se trouve confrontée la recherche actuelle sur l'art paléolithique. Dans celle voie, Francesco D'Errico étudie les objets gravés aziliens (1 1 000-9000 BP), porteurs de représentations abstraites sur lesquelles les préhistoriens s'interrogent depuis un siècle.

L'étude microscopique de gravures expérimentales fournit un corpus d'indices techniques qui, une fois repérés sur les pièces archéologiques, permettent de reconstituer en détail le comportement des artistes préhistoriques. Un dialogue s'instaure ainsi entre le graveur préhistorique et le scientifique. Chaque pièce archéologique perd son statut d'objet de musée pour redevenir un système d'intentions, de choix techniques et de gestes étudiés dans leur déroulement dans le temps. Ainsi peut être établie l'orientation salon laquelle l'artiste lisait les gravures. Le problème de la latéralité des graveurs peut être également discuté mais, surtout, certaines hypothèses sur la signification des œuvres sont rejetées ; d'autres, plus probables, supportées par de nouveaux résultats. L'évolution des modes d'expression des populations européennes à la charnière glaciaire/postglaciaire peut être approchée de manière originale, en recherchant les archétypes figuratifs qui seraient à la base de l'apparente abstraction ozilienne.

L'approche expérimentale et la riche iconographie font de cet ouvrage un outil de consultation indispensable à tous ceux qui sont tentés par l'étude de l'art préhistorique. Avec lui, l'étude technique de l'art mobilier devient une discipline à part entière des sciences préhistoriques, capable de définir ses méthodes et de vérifier ses résultats.