Collection(s) : La mémoire du siècle
Paru le 01/01/1982 | Broché 160 pages
Tout public
La chute de Khrouchtchev en octobre 1964 apparait désormais comme un révélateur sans égal des problèmes fondamentaux du régime soviétique. Ce fut le premier coup d'état légal de la Nomenklatura, c'est-à-dire de la bureaucratie dirigeante. Khrouchtchev apparaît dès lors comme déchiré entre deux époques, trop proche des sources de la révolution pour accepter la constitution d'une oligarchie toute puissante, trop formé par l'appareil stalinien pour concevoir une libéralisation, une démocratie moderne. S'il dénonça les crimes de Staline et ouvrit les portes du Goulag, n'a-t-il pas écrasé par la violence la première révolution anti-totalitaire en Hongrie, et construit le Mur de Berlin ? Partisan de la détente, lors de la crise de Cuba en 1962, il frôla de plus près le gouffre de la guerre avec les Etats-Unis que ne le fit jamais Staline. S'il fit publier le premier livre de Soljénitsyne, il porte la responsabilité de la curée contre Pastemak. Ses échecs économiques, le conflit avec la Chine, des réformes s'attaquant aux privilèges de la Nomenklatura créèrent les conditions de sa chute.
Il n'y aura plus d'autre Khrouchtchev, cependant, plus de dix ans après sa mort, son nom reste lié à une époque où existait encore l'espoir d'une démocratisation en URSS.
Spécialiste du monde communiste, Pierre Daix est notamment l'auteur de Aragon, une vie à changer, Gallimard, Ce que je sais de Soljénitsyne, Seuil, Les chemins du printemps, Grasset, La crise du P.C.F., Seuil Les (...) P.C.F., Laffont.
