L'échelle de Jacob

C'est à un voyage à travers l'Europe des Lumières que nous invite Wladyslaw Terlecki. Un voyage effectué à la demande du dernier roi de Pologne par un comte polonais accompagné d'un nain nommé Alexandre, gentilhomme érudit, passionné de philosophie et de sciences tout comme son maître. Leur mission : prendre contact avec l'ancienne maîtresse du roi, Sémiramis, qui n'est autre que la grande Catherine de Russie...

Jouant de ce cadre historique, Terlecki va jusqu'à emprunter le style romanesque du XVIII^e siècle, qui évoque aussi bien Laurence Steme que le Diderot de Jacques le Fataliste.

Mais ici, le voyage picaresque tourne vite au cauchemar. De mésaventure en mésaventure, Alexandre voit s'effondrer ses belles convictions philosophiques et découvre l'utopie derrière la façade du despotisme éclairé. Trompé aussi par son protecteur, le nain Alexandre sera convoqué par la tsarine pour être son amant d'une nuit, - et la fin du voyage aura les couleurs d'une scène fantastique particulièrement audacieuse.

Ni pastiche, ni jeu littéraire, le roman de Terlecki dresse un constat d'échec des philosophies européennes, tout en analysant de façon très moderne la sexualité, le sentiment amoureux, la liberté de l'esprit par rapport au corps, avec une touche de couleur qui fait de ce récit mené avec bonheur une œuvre rare.