L'enfant de ma tête

Adolf Hitler arrive au pouvoir en 1933. Un petit garçon naît à Paris le 1^er janvier 1933. Ce n'est pas la guerre. Il est français. Pas juif, pas Polonais. Les adultes sont gentils. À quatre ans, le petit garçon découvre la Discipline au Jardin d'enfants. C'est l'école. La religion tombe dans la tête de sa soeur, à l'Institut pour les jeunes filles. Son papa ira en enfer : il ne va pas à la messe. Elle le dit au petit frère. On prie pour papa. À six ans, c'est la guerre. Papa médecin militaire part au front. C'est où ? C'est jamais là. Maman prie et pleure. La Discipline met au pas un gamin de plus. Ça ne va pas tout seul. Il y a encore des vacances, la Bretagne, la mer, Toulon. C'était quand ? On part en exode. C'est quoi ? On revient d'exode. Toulon est en ruines. Comment fait-on pour perdre une maison ? Maman dit : nous n'en avons plus. Retour du héros. En civil. On a perdu. L'enfant chante pour un Maréchal. Encore des vacances, en Bretagne, merveilleuses. Une vraie enfance entre des oiseaux, une petite fille et des adultes bizarres. La guerre éclate aussi rue de Lyon, à Paris. Elle a changé de camp, en 1944. Les enfants sont grands. Les adultes commencent une autre guerre. Ça finira quand ? L'enfant a l'âge de raison depuis pas longtemps. Sa soeur aussi. Ils savent que papa n'ira pas en enfer. Hitler est mort. Cela va-t-il durer ? Papa disait que Dieu n'a rien à voir ni avec les tremblements de terres ni avec nos conneries. Maman, pianiste, jouait Jésus que ma joie demeure. Des saints m'ont appris à lire et à écrire. J'essaie de sauver l'enfant de ma tête.