Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 213 pages
Poids : 270 g
Dimensions : 14cm X 21cm
EAN : 9782859406998
L'esprit du théâtre
Quatrième de couverture
Il est dans la salle du Vieux-Colombier, ce soir mémorable de l'après-guerre où un homme seul, un homme que la poésie a brûlé au point de le rendre incapable de «parler», s'exhibe sur la scène : un poète réduit au cri. Le poète en question s'appelle Antonin Artaud et hurle à qui veut l'entendre que la guerre ne fait que commencer. On ne l'entendit pas beaucoup : ce poète était un histrion, ce poète était fou. Jean Gillibert, bouleversé par cette expérience oraculaire, lui répondra à sa manière : il décide ce soir-là d'être comédien, et psychiatre.
Un demi-siècle plus tard, cet homme discret, habitué au jeu des masques, aura été tour à tour (ou plutôt tout ensemble) un psychanalyste praticien et théoricien plein de rigueur et d'indépendance ; un médecin engagé dans les voies de la psychiatrie la plus ouverte ; un acteur de théâtre aux cent rôles ; un traducteur des classiques et des modernes (Shakespeare, Blake, Poe, T.S. Eliot) ; un poète et un serviteur des poètes (sur scène et en vingt autres lieux) ; un explorateur du monde de la musique et du chant (dans le sillage de Varèse, de Boulez) ; un professeur de théâtre qui aura influencé deux ou trois générations d'acteurs et de dramaturges ; un metteur en scène enfin (près d'une centaine de spectacles, de Sophocle à Tabucchi) et l'animateur de quelques manifestations destinées à faire naître, en marge des grandes scènes où il a parfois travaillé mais dont il s'est toujours méfié, «un autre théâtre».
Persuadé depuis longtemps que le théâtre dit moderne est engagé dans une voie tricheuse, et convaincu avec les Grecs que la cité a besoin d'une scène où le verbe ne soit pas brimé par les faux-semblants du siècle, il tente de dire ici pourquoi le théâtre aujourd'hui manque à sa mission ; et comment il doit être possible de lui rendre la parole.
Un texte qui ne plaira ni aux défenseurs du théâtre d'hier ni aux tenants des modes d'aujourd'hui, renvoyés les uns et les autres à l'idolâtrie du paraître.