L'idiot du palais

Audacieux et plein de ce que nous soupçonnons de l'infamie des diplomaties... Des mots, des scènes qui nous rappellent que derrière nos façades haussmanniennes des beaux quartiers résident parfois des monstres. Prince? Princesse? Ils n'ont de légitime que le titre emprunté au lobby du pétrole.

On croise tout un monde d'employés, mais aussi d'esclaves, n'ayons pas peur des mots. D'anciens mercenaires des guerres serbo-croates aux soubrettes thaïlandaises en passant par les cuisiniers pakistanais, à qui l'on a confisqué le passeport et qui ne peuvent jamais sortir du « Palais ». Contre-enquête ou fiction? A vous de choisir. Prendre ce roman au pied de la lettre, c'est se convaincre de l'ignominie de l'interprétation de certains pouvoirs (économiques ou politiques). Le lire comme une simple fiction, c'est acquiescer l'existence, à quelques stations de métro de chez vous, d'un monde où vous n'oseriez sûrement pas entrer.

Premier roman aiguisé et recherché, non sans quelques douceurs dissimulées au détour des boulevards maréchaux ou d'une rue de Montreuil. Court et affûté comme un rasoir avec lequel il peut arriver de se couper, L'Idiot restera une surprise de cette rentrée, un livre subtilement engagé.