L'incendie de nos entrailles

« Le plus étrange est l'invasion du silence. Là où dominait, il y a encore quelques jours, le claquement des sabots des chevaux, ne parviennent, par les fenêtres fermées, que des bruits intimes de portes que l'on ferme, de vaisselle que l'on range, quelques aboiements lointains, et c'est tout. La vie humaine s'évapore sous le soleil comme le sang se retire des lèvres de ceux que la mort bleue vient étreindre. Le choléra n'est nommé que par ceux qui imaginent pouvoir le faire reculer. Les autres disent 'le mal' ; 'le mal' vient de Paris, disent ceux qui croient à un empoisonnement volontaire des fontaines publiques de la capitale. Ce n'est pas une rumeur récente ; à chaque vague nouvelle, elle resurgit, nourrie par les opposants du régime en place. Peut-être est-elle vraie, cette fois. »

Deux hommes liés par une relation fraternelle voient leurs destins contrariés par le choléra, au milieu de ce dix-neuvième siècle déchiré entre l'ancien monde et le nouvel ordre industriel et bourgeois...

À l'été 1854, Émilien, daguerréotypiste itinérant, fuit Paris avec son matériel photographique et se trouve pris dans les mouvements convulsifs et violents de cette période. De quoi bousculer les âmes, celles, vivantes ou déjà mortes qu'Émilien tente de fixer sur ses plaques miroitantes.

Une histoire intime confrontée à la marche d'un temps qui n'est pas si loin du notre.