L'oeil du cyclone

L'Avocate : Comment vous recrutez les enfants ?

Le Prisonnier : Quand on prend un village, on les ramasse. Le pays brûle, qui va éteindre ? Les parents devraient nous remercier : on leur donne une formation, ils apprennent à se défendre. Il y a des jeunes qui sont fans de nous ; quand on arrive dans leur village, ils sont prêts à nous suivre.

L'Avocate : Et les autres ?

Le Prisonnier : Ils peuvent ne pas nous suivre, tu crois ?

L'Avocate : Et toi, comment tu es entré dans la rébellion ?

Le Prisonnier : Ce que je me rappelle, c'est que ma maman avait préparé un plat de riz gras avec de gros morceaux de mouton, ça sentait dans toute la cour. Un coup, ils nous ont encerclés...

Une cellule de prison. Un prisonnier.

Il a été pris par hasard après avoir passé dix-huit ans dans les rangs d'un mouvement rebelle, à cheval sur plusieurs pays. Enlevé de force dans son village à l'âge de huit ans, il est devenu, au fil du temps, une véritable machine à tuer. Pourtant, depuis son arrestation, il garde obstinément le silence ; et on ne sait rien de lui, pas même son nom.

Une avocate, commise d'office, va tenter de le sortir de son mutisme. Autant pour le comprendre que pour le défendre. Et ce qu'elle va apprendre a de quoi la bouleverser !

L'Avocate et le Prisonnier sont les deux faces du miroir d'une même génération. Lui, ex-enfant soldat, n'a jamais vu la ville ; il n'a que des souvenirs de guerre. Elle, de famille aisée, n'a connu que le confort d'une enfance insouciante...

Mais ces enfants soldats sont-ils seulement des coupables ? Et la société bien-pensante qu'incarne l'Avocate n'a t-elle rien à voir avec ce qui se passe à quelques kilomètres de là ?