Fiche technique
Format : Relié
Nb de pages : 176 pages
Poids : 400 g
Dimensions : 24cm X 30cm
EAN : 9782911043376
L'oeuvre de verre d'Emile Gallé
Quatrième de couverture
L'histoire de la verrerie en France est fort ancienne et riche ; cependant les productions de grand prestige y restent rares et, jusqu'à l'aube du dix-neuvième siècle, à l'ombre des grands pôles d'influence que sont depuis la renaissance, Venise, la Bohême et les pays germaniques puis l'Angleterre. Depuis la fin de l'Ancien Régime, quelques entrepreneurs et ingénieurs de génie développent le réseau des nouvelles cristalleries françaises qui s'implantent, telles Saint-Louis et Baccarat dans l'Est de la France, zone de traditions verrières, ou bien près du nouveau combustible, comme Le Creusot-Montcenis, enfin, grâce aux nouveaux réseaux de communication, près du marché privilégié qu'est Paris, comme la cristallerie de Clichy. Parallèlement à la mise en place de ces grands centres de production, les marchands-éditeurs, prennent la suite des anciens marchands-merciers. Enfin apparaissent des créateurs au style individualisé, apposant leur nom sur leurs oeuvres ; aux noms des manufactures liés a un site, s'ajoutent alors les marques de personnalités créatrices.
L'ouvrage que François Le Tacon consacre à l'oeuvre en verre du fondateur de l'Ecole de Nancy, documente et analyse de façon riche et souvent nouvelle, non seulement l'époque de la création des chefs-d'oeuvre, mais aussi celle qui précède et qui est le terreau du génie d'Emile Gallé et celle qui fait suite à sa mort. Après 1904, ses héritiers continuent à diffuser internationalement son patronyme, devenu la marque d'une manufacture, créée en 1894. Cette production pérennise certaines des propositions d'Emile Gallé, mais ses successeurs ne pourront renouveler le coeur artistique qui avait irrigué l'oeuvre du maître, «industriel et poète». L'association paradoxale de ces deux qualités résume au mieux la complexité de cet homme du dix-neuvième siècle, héritier de marchands et fondateurs d'industrie, dont le génie artistique, internationalement reconnu, s'est épanoui dans l'originale ambiance culturelle de cette «capitale provinciale».
Si l'individu est exceptionnel, c'est dans le cadre de la direction d'un travail d'équipe que son oeuvre peut prendre forme et devenir, avec les chefs-d'oeuvre de la fin de sa vie, une des rares victoires des combats menés, sous la Troisième République, et dans le contexte du mouvement Symboliste, pour une reconnaissance de «l'Unité de l'Art». L'ouvrage de François Le Tacon nous fait découvrir et percevoir l'extraordinaire orchestre de dessinateurs, de souffleurs de verre, de décorateurs et de graveurs, mettant en valeur le patrimoine des collections publiques françaises, et nous les donne à voir et à comprendre avec perspicacité et passion. Il nous convainc ainsi que celui qui fit graver sur les flancs d'un de ses vases, «la matière pour nous est matière à poésie» n'est pas qu'un grand verrier maîtrisant des savoir-faire ; il est un grand artiste qui toute sa vie apprivoisa les forces du feu en leur donnant à forger la matière de ses rêves en verre.