Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 57 pages
Poids : 400 g
Dimensions : 21cm X 21cm
ISBN : 978-2-906156-48-7
EAN : 9782906156487
Quatrième de couverture
La première guerre mondiale a coïncidé avec une explosion de la photographie qui, tout à coup, a concerné des milliers de spectateurs. Cette « pullulation » d'images a surtout fait l'objet d'études s'attachant à repérer les fonds et à recenser les photos les plus typiques, sans s'intéresser vraiment à leur construction. Les sujets les plus représentés concernent les combattants saisis dans des poses tantôt humbles, tantôt héroïques, les généraux et les officiers paradant pleins de dignité. Rares sont les images qui s'attardent sur les horreurs et les désastres de la guerre, les corps mutilés et les cadavres de soldats. Par ailleurs, nous ne possédons que peu de photos prises par les soldats eux-mêmes, soit, qu'après 1915, la censure les ait interdites, soit que ces matériaux n'aient pas accédé au statut d'objet de mémoire. Aussi, dans un texte de préambule, Jean-Pierre Piniès s'emploie à mettre en perspective les façons dont ces fonds ont été constitués, puis lus.
Le travail photographique d'Anne Montaut se situe, lui, à deux carrefours : entre mémoire et oubli, entre parole et regard. La parole ce sont les récits ou les silences de ses deux grand-pères, anciens combattants. Le regard ce sont les marques visibles dans le corps de l'un d'eux, un trou mystérieux sur la tête qui la fascinait et l'inquiétait. Voir, écouter, essayer de comprendre, c'était faire ressurgir le souvenir de la violence brutale, de l'anéantissement de toute une jeunesse. Comment en rendre compte un siècle après ? Comment résoudre l'impossible équation entre l'instantané, inhérent à la photographie, et le souvenir ? Comment faire naître de l'archive, jaunie, figée et à demi évanescente, une création contemporaine ouverte sur le présent ? Anne Montaut a choisi la voie de l'imaginaire pour redonner vie à cet effacé, à ce « à jamais aboli », en mêlant ses propres fantasmes à des bribes de discours et de conventions. Et ce réel recomposé, possible, nous donne à voir, dans l'essence même de l'apparence, un monde encore plus vrai.