Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 285 pages
Poids : 480 g
Dimensions : 17cm X 24cm
ISBN : 978-2-7535-2163-6
EAN : 9782753521636
La cause des sans
sans-papiers, sans-logis, sans-emploi
l'épreuve des médias
Quatrième de couverture
La cause des « sans »
Sans-papiers, sans-logis, sans-emploi à épreuve des médias
Au coeur des années 1990, un phénomène intriguant s'est produit : les médias, et singulièrement la télévision, habituellement sourds aux mobilisations « d'exclus », s'en sont subitement emparé, pour s'en détourner ensuite presque complètement. Quelques unes de ces protestations allaient rester dans les mémoires, comme le mouvement des sans-logis de la rue du Dragon à l'hiver 1994-1995, le mouvement des sans-papiers de Saint-Bernard à l'été 1996, le mouvement pétitionnaire contre la loi Debré sur l'immigration début 1997, ou encore le mouvement des chômeurs à l'hiver 1997-1998.
À travers le cas des journaux télévisés, cet ouvrage retrace la manière dont les médias français ont rendu compte des mobilisations en faveur des « sans » : sans logement, sans papier, sans emploi. Il comble ce faisant un angle mort de la recherche sociologique française, en exposant ce qui se joue à l'interface du monde des médias et de celui des mouvements sociaux : à quelles conditions, et dans quelle mesure, les rencontres entre journalistes et porte-parole des groupes mobilisés sont-elles possibles ? comment ces causes sont-elles (re)traduites sous l'effet de leur médiatisation ?
Il s'appuie pour ce faire sur un travail d'enquête fondé sur de l'exploitation de sources d'archives de l'INA et d'entretiens réalisés auprès des principales figures du mouvement des « sans » et des journalistes de TF1 et France 2. En confrontant plusieurs cas d'études, il propose de décrypter et restituer les contraintes, opportunités et raisons d'agir des acteurs, en les replaçant dans le cadre de mécanismes plus globaux par lesquels un emballement médiatique pour ces causes peut s'amorcer et durer, en raison des « affaires » ou des « controverses » auxquelles les mobilisations donnent lieu au sein de l'arène publique. Au-delà est mis en perspective l'impact des transformations contemporaines du référentiel de la « nouvelle question sociale », qui offrent de » opportunités variables aux groupes cherchant à politiser « l'exclusion » via un usage offensif de la rhétorique des droits sociaux.
Cette analyse montre la nécessité de relativiser la thèse, principalement nord-américaine, qui tend à réifier la position conservatrice des médias grand public, indifférents aux mobilisations contestataires hors-système, portées par des groupes qui seraient forcément handicapés par leur faibles ressources, leur radicalité politique ou la dimension contre-culturelle de leurs demandes.