La charité, l'espérance et la foi

«Chez nous, c'est un peu bizarre, mais les vertus théologales, fondement de toute la religion, les trois vertus théologales, qui dans l'ordre logique, comme on nous l'enseigne, s'enchaînent : le Foi, l'Espérance, la Charité, ces vertus théologales, elles sont redécouvertes chez nous, jour après jour, par chacun, non pas dans cet ordre logique qui nous est enseigné, mais dans un ordre que l'on pourrait appeler biologique.

C'est par l'amour, par l'entraide, que l'on commence. Nous ne sommes pas parfaits, mais nous essayons de nous aimer assez pour vivre ensemble et pour que soit dévoré par le service de la souffrance des autres tout le mal que nous portons en nous. Et parce qu'ils ont recommencé à nous aimer, voici que les plus désespérés sortent de leur désespérance comme d'un brouillard qui se dissipe soudain.

C'est d'abord une espérance purement naturelle, temporelle, mais qui devient bientôt intérieure et qui s'élève jusqu'au surnaturel. Voici que l'espérance germe sur cette charité et cet amour que l'on essaye de vivre, et quand le désespoir s'est évanoui, la Foi peut apparaître dans sa clarté, comme l'instant de la Transfiguration sous les yeux des Apôtres privilégiés».

Abbé Pierre, Vers l'homme, 1956, p. 124-125.