La comtesse de Ségur et nous

Souvent, le premier livre que nous avons lu a été écrit par elle. C'est à elle que nous devons notre amour de la lecture, et beaucoup de nos curiosités : pour la campagne, la mode, la Russie, la nourriture, les animaux...

C'est elle qui nous a le mieux parlé des bons et des méchants, des pauvres et des riches, et révélé avec tact mais fermeté l'existence des faibles d'esprit, des difformes et des pervers.

Et puis nous l'avons oubliée. On ne nous en a jamais parlé à l'école, ni ailleurs dans notre vie de grandes personnes. On a presque pu croire qu'elle avait disparu, même pour les petites personnes à qui nous n'osions plus proposer sa lecture, tant le rejet que nous redoutions nous aurait fait de la peine.

Et pourtant elle est toujours là, toujours lue, toujours aussi vive, présente, éclairante, joyeuse, ironique, de plus en plus russe et de plus en plus française, toujours Comtesse et à jamais Sophie, Sophaletta, la préférée de son père, le général Dourakine, pardon Rostopchine.

Vingt deux auteures de 18 à 78 ans, beaucoup de femmes, quelques hommes, ont écrit à partir des vingt romans, contes et pièces de la Comtesse de Ségur.

Il ne nous reste plus qu'à la relire. Pour notre plus grand plaisir.

Ce livre est le cinquième d'une collection consacrée aux femmes artistes.