Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 526 pages
Poids : 420 g
Dimensions : 12cm X 19cm
ISBN : 978-2-88241-212-6
EAN : 9782882412126
Quatrième de couverture
C'est vite dit : une fille visite son père malade à l'hôpital. Il est vieux, elle est adulte. Il va sans doute mourir. Elle le sait malade depuis des mois, mais ne vient que maintenant. C'est vite dit. Il y a plus à dire, à écrire, forcément. C'est qu'ils ne se sont pas beaucoup vus, pas beaucoup parlé. Elle a bien essayé, lorsqu'elle avait quinze ans, qu'elle n'habitait depuis longtemps plus avec lui. Prétextant un vague devoir scolaire, elle a tenté de lui tirer les vers du nez, question enfance, parents, frère. Peine perdue. Elle n'a eu que mépris et ironie en réponse à ses questions. Depuis, elle l'a évité. Rome, la peinture, les amoureux, très loin des vallées de Combe-Verrat, ses tourbières, son brouillard, du père luthier, enterré dans ses manies et sa solitude.
Anne-Lise Grobéty se plonge dans cette histoire filiale avec un élan, un souffle, une passion que l'on n'espérait plus. C'est superbe. Luce se voit assigner une mission par le paternel alité : récupérer un violon dans la vieille maison de Combe-Verrat. Elle se perd, ne trouve pas l'objet, manque rendez-vous après rendez-vous l'objet de ses retrouvailles. Découvre par contre de quoi remplir les trous, de quoi raconter par le menu l'enfance de son père - la mère possessive et rude, le frère idiot dont elle se débarrasse et qu'il pleurera toujours, le père mort à la guerre, juste après sa naissance, la fuite dans le violon, l'apprentissage chez les frères Pelet, qui l'envoient à Crémone, là où l'on fait chanter les violons, leur atelier qu'il reprend.
{...} La Corde de mi est clairement de ces histoires qui ne vous fichent pas la paix avant d'être écrites, qui se « mettent en travers de tous vos projets », comme le glisse Anne-Lise Grobéty dans un mot en préface. Louvoyant entre le présent du père amoindri et furieux, le récit de son enfance à elle, narratrice, le livre se déroule autour d'une langue vorace, pressée d'avaler et de recracher ce qu'il sait, ce qu'il veut dire, ce qu'il peut dire, enfin. L'invention et l'énergie verbale de l'écrivaine connaissent ici une plénitude, une intensité unique. Mission accomplie. Repos, le petit cheval de la consolation.