La douce-amère

Sarah : Quand cette Léna a appelé pour Maman, ma première pensée a été joyeuse. Ma première pensée est allée vers toi, vers ton grand sourire et tes yeux qui brillent. Je venais enterrer Maman mais je venais surtout te retrouver.

Fanny : Tu as dû avoir un choc. Tu veux savoir ce que j'ai pensé, moi ?

Sarah : Oui...

Fanny : Je te préviens, c'est moins joli. J'ai pensé... Non... Ça ne sert à rien.

Sarah : Mais si, parle...

Fanny : J'ai pensé combien vaut la maison ?

Sarah : ...

Fanny : Tu vois... Maintenant tu te souviens peut-être pourquoi tu ne voulais plus me voir...

Sarah et Fanny ont quitté la maison depuis bien longtemps. Elles s'y retrouvent après l'enterrement de leur mère, en attendant de rencontrer le notaire. Il n'y a aucune agressivité entre les deux sœurs qui furent jadis tendrement complices ; elles sont même plutôt heureuses de se revoir... même si le deuil de la défunte est plus facile à faire que celui des souvenirs enfouis. Quant à Léna, qui a veillé la mourante pendant de longues nuits, elle semble presque chez elle, alors que sa vie jusque là n'a été que fuite en avant aux quatre coins du monde.

L'auteur sait raconter des histoires ; il mène ses personnages sur des chemins obscurs peuplés des fantômes du passé. Des fantômes intimes qui font parfois souffrir et dont, pourtant, on ne voudrait pour rien au monde se séparer. L'ombre de Tchekhov n'est pas loin...