La figure héraldique du cheval

Serait-ce la plus belle conquête de l'homme ? Est-ce encore l'animal mythique qui enlumine les rêves de gloire et la volonté de puissance ? Sommes-nous sortis de trente siècles de connivence avec le chevalier et le laboureur ? Que reste-t-il aujourd'hui du cheval ? Au hasard d'une place publique ornée d'un bronze équestre épargné par l'urbanisme, ou à l'autre hasard, celui du pari mutuel sur des chevaux furtivement aperçus à l'écran ?

Le cheval reste indéracinable de nos références, jusqu'aux chevaux fiscaux des cartes grises. Indissolublement lié à notre imaginaire, le cheval possède un langage : le blason, qui participe aussi bien du monde ludique, que du langage des oiseaux cher à saint Jean, et qui n'en demeure pas moins à la portée de tous, pour peu que chacun ait gardé une certaine fraîcheur de l'enfance. Les thuriféraires de la loi Le Chapelier, en privant de leurs armoiries les artisans membres des corporations, les bonnes villes, les bourgeois, les clercs, ont entrepris depuis deux siècles de faire croire que les dites armoiries étaient réservées à la noblesse, parfois sous des plumes de talent, comme Michelet et Larousse. Mais celles qu'ils qualifient de futilités (sic) enluminent maintenant les marques de produits de consommation.

Le cheval, qu'il soit représenté par la tête, son corps entier, ses attributs comme le fer à cheval ou la molette d'éperon, tient une place de choix depuis huit siècles qu'existent les écus. Il entre déjà dans l'héraldique du troisième millénaire, grâce aux créations contemporaines.

Notre société en crise de valeur en quête d'identité trouve dans l'art héraldique en général et dans la figure du cheval en particulier, une porte ouverte vers le monde surnaturel.