La grammaire française au XVIe siècle

Tout au long du XVI^e siècle, on observe, après l'établissement progressif des dialectes, l'émergence et l'expansion du français, qui n'est pas encore réellement la langue nationale mais qui gagne l'ensemble de la France d'oïl. Cette évolution a fait grandir le besoin de réglementer cette langue en lui donnant une grammaire. Nombreux sont ceux qui vont s'atteler à cette tâche et il est remarquable de constater que la très grande majorité d'entre eux sont des provinciaux. La Picardie, province dont l'histoire est riche et la vie intellectuelle intense, ressent particulièrement ce besoin, du fait de sa proximité avec Paris.

Sept grammairiens d'origine picarde : Bosquet, Bovelles, Cauchie, Dubois (dit Sylvius), du Wes, Meurier et Ramus publient entre 1531 et 1586, des traités sur la langue française. Ils étudient les rapports entre la prononciation et l'orthographe, la syntaxe, l'étymologie et font évoluer les méthodes pédagogiques. Précepteurs de jeunes aristocrates, ou maîtres d'école comme du Wes, Cauchie, Meurier et Bosquet, professeur au Collège royal comme Ramus, philosophe et théologien comme Bovelles ou même professeur de Médecine comme Sylvius, ils témoignent de la curiosité intellectuelle de ce siècle et participent brillamment à l'établissement d'une nouvelle science grammaticale avec sa terminologie. La comparaison entre leurs ouvrages retrace les progrès de notre langue et de son enseignement au cours du siècle.