Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 485 pages
Poids : 740 g
Dimensions : 16cm X 25cm
ISBN : 978-2-343-01435-7
EAN : 9782343014357
La langue de la République est le français
essai sur l'instrumentalisation juridique de la langue par l'Etat (1789-2013)
Quatrième de couverture
La langue de la république est le français
« La langue de la République est le français », affirme depuis 1992 la norme fondamentale. « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France » énonce le même texte depuis la révision de 2008. Les deux aphorismes constitutionnels sont nécessairement complémentaires. Mais dans quelle mesure ! Dès lors que la langue française fait elle-même partie du patrimoine de la France, que signifie son appropriation par la seule République, c'est-à-dire par la forme institutionnelle prise par le pouvoir qui dirige la France ? Pour bien comprendre la portée des deux règles constitutionnelles il fallait en peser les conditions d'émergence.
Lorsque, en 1789, la Révolution fera table rase du passé en faisant glisser la souveraineté de la tête du roi sur celle de la nation, elle conservera la langue de la souveraineté royale, mais sera tenue d'en imposer l'usage au peuple tout entier devenu le nouveau souverain. L'unité et l'indivisibilité de l'État - République, Royaume, Empire - dont la souveraineté s'exprimait à travers un mode d'expression unique, intégraient définitivement le principe d'unicité linguistique. Deux siècles plus tard, la construction européenne et ses relents fédéralistes vont provoquer la mutation du principe en suscitant un désir « nationaliste » de compensation qui va se concrétiser dans l'officialisation de l'idiome national. Le parlement en 1992 va ainsi éprouver le besoin d'intégrer dans la Constitution la règle qui jusqu'alors allait sans dire : la langue de la République est le français.
Une promotion emblématique s'avérait dès lors nécessaire pour les langues régionales. Elle sera réalisée par l'introduction, en 2008, dans la norme fondamentale, de l'article 75-1 qui, en constitutionnalisant les langues régionales, les appelle à bénéficier d'une protection ; mais celle-ci intervient en un temps où ces langues ne présentent plus un danger pour la cohésion de l'État, la langue officielle étant désormais partagée par tous les Français.