La lieutenance de maréchaussée de Nantes (1770-1791)

Alors que les études sur les criminels et les délinquants de l'Ancien Régime se sont multipliées depuis plusieurs décennies, rares sont celles qui évoquent les forces de police. D'autant plus que les documents sur lesquels les historiens travaillent ont été rédigés par les cavaliers de maréchaussée. Il était donc temps de s'intéresser à ces derniers. Pour faire connaissance avec ces hommes modestes, Eric Hestault a consulté toutes les sources possibles, des contrôles de la maréchaussée aux inventaires après décès, en passant par les procès-verbaux de capture et les registres paroissiaux.

Il fallait également restituer le travail quotidien du cavalier, la patrouille et ses aléas, afin de mesurer son intégration au sein de la société. Si les militaires ont écrit très tôt sur la maréchaussée, leur histoire s'est limitée à la description de son organisation, au rappel de ses missions, sans en vérifier leur accomplissement. Pour évoquer les multiples tâches des cavaliers, l'auteur s'est appuyé sur des exemples précis et vivants afin de dégager la perception de cette institution royale auprès des populations.

Malgré un personnel réduit, la maréchaussée se montra efficace compte tenu du soutien populaire et de la peur des «barbes bleues» chez les malandrins. Progressivement, les cavaliers devinrent un recours. Dès lors, le plébiscite de 1789 dans les cahiers de doléances, qui contraste avec nombre d'avis qui furent émis sur d'autres institutions royales, n'est guère surprenant.