La machine Tchekhov

Anton Tchekhov, malade, se rendant au chevet de ses propres créatures... tel est le chemin que nous propose Matéi Visniec pour nous replonger dans l'univers de ce grand auteur qu'il respecte et admire.

Une occasion de (re)découvrir ces personnages, tous plus surprenants les uns que les autres, qui ont traversé les siècles sans prendre une ride. Sans doute parce qu'au-delà de leur ancrage dans la réalité, le temps et l'espace d'un monde révolu, ils portaient toute l'universalité et la puissance des petits et grands drames de l'humanité.

Dans cette pièce palimpseste aux surprenants accents surréalistes, c'est tout à la fois le parcours de l'homme, du médecin et de l'auteur que Matéi Visniec investit dans une forme qui allie fiction, biographie, hommage et réflexion sur l'acte d'écriture.

Tchekhov - Tu sais, Firs, en moi il y a deux hommes, ou plutôt deux êtres. L'un c'est le médecin et l'autre c'est le malade... Enfant déjà, j'étais malade. Et puis, un jour je me suis mis à cracher du sang. Et c'est comme ça que le médecin et le malade ont été presque obligés de s'entendre... de partager le même corps, le même coeur, le même temps. Je les ai toujours sentis en moi, ces deux-là. Ils se sont guettés toute ma vie, ils se sont bagarrés toute ma vie... Jamais, jamais le malade qui a vécu en moi n'a fait confiance totale au médecin. Et pourtant, j'ai été un bon médecin... Mais moi, pour mes souffrances, j'ai rarement su m'administrer le médicament approprié. Ou peut-être que mes souffrances étaient d'un genre différent? Tout ce que j'ai pu faire pour les autres, je n'ai pas pu le faire pour moi...