La Maurienne engloutie, juin 1957

Une fois de plus, l'appel du tocsin s'est mêlé aux grondements du tonnerre pour annoncer aux montagnards des Alpes l'approche d'une grande catastrophe. A peine étaient-ils réveillés qu'il était déjà trop tard ; débordant soudain en pleine nuit, les torrents fous ravageaient cinq grandes vallées : la haute Tarentaise, la haute Maurienne, le Queyras, l'Ubaye et la Tinée. Depuis quelques jours déjà, les riverains étaient inquiets : le foehn soufflait, ce vent chaud qui accélère la fonte des neiges et grossit les torrents. C'est lui et des pluies diluviennes qui provoquèrent le drame. Il faudra plusieurs semai nes pour chiffrer les dégâts. On parle déjà de 30 milliards. Mais on n'évaluera jamais la somme de souffrances qu'apportent toujours avec elles les grandes inondations : maisons emportées dont on ne retrouve rien, longues attentes angoissées dans les villages inondés, évacuations dramatiques à l'aube. C'est pour ne plus voir tout cela que les habitants de plusieurs villages ont décidé de ne pas reconstruire leurs maisons détruites.