La mémoire d'une ville

C'est à la recherche de ces réceptacles du souvenir collectif que nous sommes partis dans le treizième cours public annuel organisé par Nantes-Histoire depuis 1989 ; ce livre en est le produit et le prolongement. Nous avons retenu vingt thèmes qui relient encore la ville à son passé, qui sont toujours des références, des repères partagés, des images connues ou reconnues de la ville.

La mémoire de Nantes se fixe sur des lieux matériels, physiques, sur les bornes visibles que sont le château, la cathédrale, la colonne Louis XVI, la butte Sainte-Anne ou encore le passage Pommeraye et la rue Crébillon. Elle investit aussi les qualificatifs attribués à la ville : longtemps réputée grise, Nantes est aussi dénommée bleue ou blanche, rouge ou verte selon l'écho donné à certains épisodes de son histoire. Elle s'incarne dans des noms usuels, familiers, de personnages pourtant souvent oubliés ou mal connus comme les Enfants nantais, ou Briand et Clemenceau. Elle s'ancre aussi dans quelques symboles de la notoriété nantaise, dans des éléments de son image de marque : le Muscadet, les Canaris, le tramway.

La mémoire, qui se dépose sur la ville réelle ou symbolique, s'adresse à tous nos sens : l'odeur des biscuiteries LU, les bruits de la Navale, les couleurs de la Mi-Carême, l'image trouble du quai de la Fosse, le refrain de Jean-François de Nantes. Elle fait surgir l'émotion la plus grave quand elle évoque les Cinquante Otages, qui bouleversent, ou la traite des Noirs, qui gêne ou indigne.

C'est la voie de l'histoire que nous allons emprunter en interrogeant les lieux de mémoire nantais pour comprendre pourquoi, comment ils se sont construits et sont devenus des repères, des signaux de la ville.