La mémoire de l'oubli

Le 16 juillet 1942, notre sort familial bascule tragiquement.

Tôt le matin, alors que mon frère et moi dormons encore, un bruit assourdissant nous réveille; des coups de poings violents martèlent la porte de notre logement et en l'espace de quelques secondes, la milice Française fait irruption.

Sans ménagement, on nous ordonne de nous habiller, de quitter l'appartement et de gagner un autobus garé dans une rue face à notre maison.

Je suis inquiet; à l'école, le lendemain, comment pourrai-je justifier mon absence? Je ne suis pas malade. A cette époque, être Juif confère-t-il le droit de manquer? Je finis par me rassurer à l'idée que Maman bien sûr saurait trouver une raison convaincante.

Je ne pouvais naturellement pas imaginer que dans les heures qui suivraient, nous serions à jamais séparés de nos parents.