La mort de la bien-aimée

Après la perte d'un être cher, bien des écrivains sont tentés de retracer, pour l'exorciser, la chronique d'une agonie, l'histoire du cauchemar qu'ils viennent de traverser. Mais ce livre est exceptionnel. Du jour où il est évident que Else va mourir bientôt, commence vraiment, pour elle et son mari, une nouvelle et étrange période de bonheur. C'est le sommet de leur amour, le moment où ils s'aiment le mieux et où ils revivent tout ce que leur rencontre leur a apporté.

On découvre ainsi la personnalité assez exceptionnelle d'Else Bernard. Juive viennoise fuyant l'Autriche de l'Anschluss, elle allait gagner l'Amérique quand elle a rencontré au musée du Louvre celui qui n'allait plus la quitter. Ainsi commence une histoire que son dénouement tragique même contribue à magnifier.

La qualité humaine et la résonance du livre tiennent à la gravité du sujet, mais surtout à l'accent à la fois passionné et réfléchi de l'auteur pour évoquer la figure de sa femme, pour décrire son chagrin, sa solitude et sa fidélité par-delà la mort.