La mourra bella

La mourra est peut être le jeu le plus vieux de l'humanité. Le repère le plus ancien témoignant du jeu de la mourra est une peinture funéraire égyptienne datant de plus de deux mille ans avant J.C. Ce jeu de doigts mêlant hasard et stratégie a traversé les civilisations et les époques. Elle explose de façon sonore dans la rue et sur les places, mais elle sait se faire « chutou », silencieuse au coin du feu. Elle est visible pour le passionné et invisible pour le novice qui n'y entend rien.

Tour à tour envahissante, bruyante, disparue, renouvelée, mais tellement attachante. Tous ces qualificatifs pourraient décrire ce jeu ancestral. Certains, d'ailleurs, n'hésitent pas à affirmer que le jeu de la mourra est une gangrène qui vous ronge et qui n'en finit plus de vous dévorer. Comment dès lors résister au plaisir de cette chimère ?

L'objectif de ce livre, dès lors, n'est pas de fournir une quelconque somme de travail conséquente sur l'histoire de la mourra agrémentée d'une lourde recherche livresque. L'auteur tient simplement à raconter sa passion. La passion qui le submerge et qui submerge tous les amateurs de ce jeu, ce jeu interdit, ce cri de douleur. La mourra est un cri de douleur car c'est un jeu qui fait mal, mal aux mains, mal à la tête, mal à la gorge. C'est pourtant un jeu qui fait du bien au coeur. La douleur s'évanouit dans le jeu, la douleur morale s'oublie dans les cris. A la mourra chacun crie un peu sa douleur...