La onzième marche

Martin fit le tour des stalles. Les chevaux étaient redevenus calmes. Il entra dans le boxe d'Apollon et le sella. Puis il regarda son ami octogénaire :

« Vous voyez, Louis, la première fois que j'ai découvert son existence, j'ai été comme... enveloppé. Je ressens aujourd'hui sa présence au plus profond de mon être. Comment vous dire ? C'est un peu comme si j'étais une marionnette et qu'elle était mon maître. Oui, j'ai l'impression que je ne m'appartiens plus. Je suis à la fois attiré et effrayé par elle. J'ai hâte de la retrouver et peur de la rejoindre. Elle est imprévisible, redoutable mais tellement envoûtante ! Elle m'obsède. Je me rends compte qu'elle exerce sur moi une sorte de fascination et c'est ce qui m'inquiète. J'ai honte de le dire mais je me demande si je ne suis pas possédé ! C'est terrible ! Lorsqu'elle n'est pas là, elle me manque, je la cherche. Lorsque je la trouve et qu'elle se joue de moi, la colère me prend et je me lasse de ses parties de cache-cache... Retournez-vous, Louis, elle est derrière nous ! » murmura Martin.