Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 93 pages
Poids : 400 g
Dimensions : 17cm X 24cm
EAN : 9789738547728
La parole inanimée
Quatrième de couverture
La poésie de Samuel Veis, paradoxalement intitulée La parole inanimée, a ce don - immanent à toute vraie poésie et pourtant si rare - de créer des mots - choses, des mots que nous voudrions posséder par tous nos cinq sens à la fois, car nous avons une envie folle de les goûter, de sentir leur odeur, de les palper, de les entendre, de les voir.
Vertigineuse comme toute grande poésie, elle nous entraîne à l'intérieur d'un monde bien étrange et étonnant qui lui appartient en propre, monde très matériel et très spirituel à la fois, vers ce point central où sans cesse elle se renouvelle.
Éblouis et comme paralysés par notre joie, nous assistons à ce spectacle des origines tout en y participant, heureux prisonniers de ce perpétuel Jaillissement du poème qui, aube et léthargie dans un mouvement où il s'anéantit pour rebondir encore et encore, indéfiniment se ressource.
La première page était en même temps titre, sommaire, commentaire de l'enchâinement des poèmes, quel est le statut de ces textes ?
Mais au fait n'est-ce pas plutôt un seul poème éclaté, trépidant, rappelant le mot de Breton, la beauté sera frénétique ou ne sera pas, me faisant penser aussi et en particulier cette premère page à l'interface des compressions de César, qui révèlent la densité de ce qui est caché définitivement prisonnier dans la pierre, le métal et l'âme de l'artiste.
La parole inanimée mis à part les autres poèmes qui suivent, provocateurs transparents et soudain opaques (l'espace poétique) permettent des licences interdites au langage véhiculaire.
L'essentiel de leur contenu comme dans toute oeuvres de haute exigence est l'indication d'un itinéraire initiatique sous-entendu par la liberté, l'éthique et le choix ludique du poète.
Nous sommes très loin aussi bien de Nerval que de que de Rilke, mais Étrangement prêt surtout dans la parole (inanimée)
Texte obscur comportant d'innombrables recours aux jeux de mots, mais signifiant quand même du fait qu'il s'agit dun texte contemporain des révolutions culturelles et des tagues. Peut-on refuse un nouveau paysage poétique à la modernité, (voir "la fée électricité").
ALEXANDRU VONA
Qu'une aussi longue période, bornée par deux dates (1978-1995), pareilles à celles qui dans le marbre résument un passage, entre naître et disparaitre, puissent livrer, en apparence, une fiable étendue de mots, démontre exemplairement que rareté n'est pas abondance.
Samuel Veis a précisément fait les coupes essentielles qui, dans le versement de l'écriture, désamorcent l'inutile. Cette suite de textes en ordre épars, niant l'illusion linéaire, cette convention chronologique qui semble concevoir la vie comme un déclin inexorable ou une chute sans élans neufs, témoigne joyeusement que le chemin de l'être n'est pas un fil tendu.
La Parole inanimée s'agite, en vivifiantes secousses, contre l'apathie de la Lettre, en brusque opposition avec l'inertie des livres qui assoupissent la pensée.
Le mouvement qu'imprime Samuel Veis, dans une forme où la poésie et la prose se conjuguent sans barrières, autant que la réflexion se soude au rêve, est à entendre et à voir comme l'oscillation des marées Un balancement sans cesse décalé, avec des forces de jusant et de flux nuancées par les puissances élémentaires.
Ces inlassables vagues d'encre coïncident d'ailleurs avec un certain nomadisme, qui n'est pas le goût du voyage, mais plutôt le désir d'être, cette impulsion que Samuel Veis met en perspective sous chacun de ses mots. Parce que la recherche en tout homme, la nécessité de complétude et d'harmonie, ne peuvent s'effectuer qu'en partant et en revenant, qu'en animant la vie comme une exploration infinie de l'inconnu dehors qui est l'assurance de naître encore en chaque jour.
GUY DAROL.