Rayon Droit
La parole interdite : le blasphème dans la France médiévale (XIIIe-XVIe siècles) : du péché au crime

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : VI-559 pages
Poids : 900 g
Dimensions : 16cm X 24cm
EAN : 9782701801520

La parole interdite

le blasphème dans la France médiévale (XIIIe-XVIe siècles)
du péché au crime


Paru le
Broché VI-559 pages

Quatrième de couverture

Puni de mort dès l'Antiquité par la loi juive et le droit romain, le blasphème fit l'objet au Moyen-Age d'un riche mais tardif travail d'élaboration théorique. Longtemps confondu avec le parjure, il conquit au XIIIe siècle une autonomie conceptuelle fondée sur les réflexions des théologiens et des juristes. Si les docteurs de la foi en firent un «péché de langue» ou le signe d'une possible déviance hérétique, les docteurs de la loi le décrivirent comme un crime au contenu flou, à l'extension incertaine mais à la gravité manifeste. Les moralistes contribuèrent à diffuser ce schéma, tandis que maintes dispositions normatives rappelaient aux blasphémateurs l'horreur de leur vice et la promesse de leur châtiment.

A bien des égards, l'histoire médiévale du blasphème fut aussi celle d'une pré-modernité du droit et de l'Etat, qu'illustre l'attitude de la monarchie capétienne à partir de Philippe Auguste et de Saint Louis. Au rebours d'une «opinion publique» qui semble être restée assez indifférente à la question, celle-ci ne cessa de réprimer l'impiété verbale, usant à son endroit d'une législation à la fois abondante, homogène et inhabituellement précise. Plus qu'un délit ordinaire, le blasphème s'affirmait comme un «crime de majesté», une infraction construite par et pour la puissance monarchique. Au demeurant, la plasticité de ses contours et l'ambivalence de son contenu le rendaient spécialement apte à magnifier l'éclat des liturgies politiques : dépourvu de signification préalable, il offrait sa vacuité à la manifestation d'un sens délivré par l'autorité en charge de sa répression. Ainsi, du cœur du Moyen-Age aux guerres de Religion, la lutte contre le blasphème ne constitua pas seulement l'un des modes privilégiés du contrôle des comportements sociaux et des croyances individuelles ; elle fut aussi l'une des incarnations de la souveraineté et comme l'ombre portée d'une majesté en actes.

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Du même auteur : Corinne Leveleux-Teixeira