Fiche technique
Format : Broché
Poids : 237 g
EAN : 9782852265271
La périodisation dans l'art italien
Quatrième de couverture
La réticence actuelle à la notion même de système ne doit pas pour autant nous conduire à la remise en question de toute tentative globalisante. L'ampleur historiographique de l'ouvrage de Giovanni Previtali, disparu prématurément en 1988, est manifeste ; au carrefour de plusieurs disciplines, il convoque aussi bien l'histoire de l'art que la sociologie, l'économie que l'histoire. Ces savoirs ne relevant par tous de la sphère esthétique lui permettent de confronter le développement italien à l'ensemble des facteurs que la création met en jeu.
Opposé aux approches des historiens d'art formalistes, tels Wölfflin et Fry, qui font reposer leur périodisation artistique sur les «seuls faits de style» et leur conception de la rupture uniquement sur les tournants stylistiques, Antal, notamment, avait déjà tenté d'infléchir cette tendance à privilégier l'autonomie absolue de l'œuvre d'art, mais dans le cadre strict d'une vision marxiste. Previtali, lui, s'il se refuse à négliger la notion de style, condition nécessaire au maintien de la spécificité des formes artistiques «en ce qu'elles ont d'incomparable», revendique pourtant le rôle majeur tenu dans la vie des formes par l'évolution socio-historique : style et société fonctionnent, d'après lui, en constante interaction. Restait à définir les modalités théoriques autorisant l'approche de ces connexions. C'est un des buts que s'assigne sa Périodisation dans l'art italien. A cette fin, il fera un usage raisonné de concepts complémentaires : tradition et innovation, continuité et rupture, stagnation et dynamisme, centre et périphérie...
Villani, Vasari, Lanzi... présentèrent chacun la vision de l'art qui répondait aux conceptions historiographiques de leur époque respective. Au XXe siècle, Previtali propose un découpage historique qui renonce à tout critère mécanique de scansion (siècle, décennie, génération...), certes commode, mais qui ne pourrait qu'imparfaitement correspondre aux changements de fond qui marquent les tournants véritables.
Percevant l'émergence d'un art italien proprement dit dans la rupture imprimée vers 1290-1320 en Toscane, alors dans sa phase maximale de développement, par Giotto, Dante et l'Ars Nova, l'auteur s'emploie à confronter la nature réelle des relations entre innovations commerciales, bancaires, artistiques, etc.
Tous les grands traumatismes historiques italiens, 1348 et la peste noire, 1494 et l'invasion française, 1527 et le sac de Rome... permettront à l'auteur de décliner sa problématique globale fondée sur l'interaction des phénomènes. Terminant son analyse sur le retard culturel italien du XIXe siècle et la réapparition, au XXe siècle, d'artistes italiens sur la scène internationale, Previtali offre dans cet essai un exemple de rigueur méthodologique, d'esprit de synthèse et de clarté théorique qui a fait date dans l'histoire de l'art transalpine.