La Pologne prisonnière de son Eglise ou Comment l'Eglise de Jean-Paul II peine à s'inscrire dans la modernité

La Pologne prisonnière de son Église

Jean-Paul II disparu en 2005, l'Église polonaise se heurte aux bouleversements liés à l'entrée forcée dans la modernité. L'adhésion du pays à l'Union européenne et son ouverture sur le monde ont changé la donne. Toutefois, elle continue de se comporter comme l'Église du triomphe (sur le communisme), habituée à être obéie sans restriction. Depuis 1989, n'a-t-elle pas obtenu de tous les politiques un renforcement de son statut social et de sa puissance matérielle ? Elle forme les esprits dès leur plus jeune âge et dirige les consciences bien au-delà de la sphère religieuse.

Pourtant, la pratique des fidèles chute, liée à la laïcisation des modes de vie. Aux mains d'évêques formés dans la tradition autocratique, l'Église subit de plein fouet la remise en cause de son autorité, fortement secouée par les scandales liés à la pédocriminalité de certains clercs.

Depuis l'arrivée au pouvoir en 2015 de Jaroslaw Kaczynski, elle fait corps avec les idées nationalistes et autoritaires de celui-ci. Pas étonnant qu'elle récuse le pape François et sa pastorale d'ouverture. Sans leadership, peu encline à faire de la place aux fidèles, elle fait figure d'un corps malade dans une société dont elle fut, il y a peu, le fleuron.