La question patrimoniale

La Question patrimoniale

De la « patrimonialisation » à l'examen des situations concrètes

Le patrimoine constitue un des centres d'intérêt qui mobilisent de plus en plus les agents sociaux aux logiques et déterminations différentes et parfois opposées. D'aucuns, pour qualifier l'ampleur de cette mobilisation, parlent d'une véritable obsession patrimoniale caractéristique des sociétés contemporaines.
Le patrimoine architectural, dans cette logique, représente un des enjeux de luttes entre différentes catégories sociales (et surtout celles des fractions dominantes) dont il convient de comprendre les véritables intérêts ainsi que leurs stratégies d'appropriation et de légitimation.
Mais, dans la mesure où les représentations et les pratiques liées au patrimoine relèvent pour une large part des « choix » sociaux, les sciences sociales se doivent de porter un regard critique autant sur le processus de patrimonialisation - c'est-à-dire le passage d'un objet ou d'une pratique au statut de patrimoine - que sur les effets qu'il produit sur les formations sociales spécifiques.
De la même façon, elles doivent tenter de rendre compte des mécanismes qui rendent possibles de « nouveaux » univers de pratiques qui s'organisent sur ou autour des objets patrimoniaux ou en cours de patrimonialisation : élaboration des enjeux dans le cadre des politiques publiques ; construction du parc de logements sociaux à proximité du patrimoine rural historiquement constitué ; attribution des valeurs économiques et construction du marché patrimonial etc. Autant de situations qui ne devraient pas échapper au regard des sciences sociales tant elles renvoient nécessairement aux rapports sociaux à partir desquels elles s'élaborent.
C'est dans un souci de compréhension, - et donc d'objectivation - decertaines de ces articulations que s'inscrit l'ensemble des textes réunis dans cet ouvrage.