Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 166 pages
Poids : 254 g
Dimensions : 14cm X 22cm
ISBN : 978-2-213-71824-8
EAN : 9782213718248
La rafale et le zéphyr
histoire des manières d'éprouver et de rêver le vent
Les libraires en parlent
S'il vous arrive de vous pencher sur les discussions des scientifiques autour du virus qui depuis plus d'un an occupe littéralement la planète, vous avez peut-être développé un regain d'intérêt voire de passion pour les courants d'air et l'aération contre les milieux clos. Ce docteur fait parmi d'autres un bon résumé de cette affaire (https://www.atoute.org/n/article399.html), ceux-là des outils possibles (http://projetco2.fr/).
Comme certains livres tombent à pic, l'historien Alain Corbin propose dans "la rafale et le zéphyr" (chez Fayard) une "histoire des manières d'éprouver et de rêver le vent". Il faut de toute évidence un talent certain d'historien et de conteur pour que le vent qui peut sembler aller de soi devienne un sujet d'histoire, une question dont il est possible de suivre l'art et la manière d'en parler, de le penser et de le vivre à travers les siècles qui précèdent.
Dans ce livre, qualifié au dos "d'essai sensible", Alain Corbin nous plonge avec rigueur et passion contagieuse dans l'expérience du vent à travers les époques, les découvertes au sujet de ses mécaniques, les façons dont la littérature et les discours scientifiques en ont parlé, rêvé ou que des quêtes toujours forcément partielles ont cherché à maîtriser. On passe des villes au sommet des montagnes jusqu'aux hauteurs des espaces aériens. Peut-être qu'au futur, il sera question de ces robots qui arrivés sur mars produisent de l'oxygène (https://www.rts.ch/info/sciences-tech/12142756-le-robot-perseverance-de-la-nasa-a-fabrique-de-loxygene-sur-mars.html). L'oxygène ce n'est pas tout à fait du vent, mais puisque le vent n'a pas fini de souffler, il était urgent d'en faire l'Histoire, "percevoir ses mécanismes et ses trajets ont été autant de faits historiques".
Alain Corbin cite de nombreux textes, nous partage la diversité des démarches et des compréhensions du vent. En clin d'oeil, rappelons que par le passé, la propagation des maladies était une des questions centrales jusque dans l'architecture des villes:
"Avant même la découverte par Lavoisier de l'exacte composition chimique de l'air, l'aérisme néo-hippocratique conduisait à prôner la ventilation en tant que restauratrice de l'élasticité et de la qualité antiseptique de l'air. Le vent balaie les basses couches de l'atmosphère, purifie et désodorise l'eau corrompue. En un mot, surveiller, maîtriser le vent et les courants d'air sont alors considérés comme des pratiques essentielles.
Dans cette perspective, le soufflet et toute machine à ventiler se révèlent utiles. Les objets sont multiples qui sont susceptibles de stimuler, pense-t-on, l'effet bénéfique du vent, c'est-à-dire la circulation de l'air: l'éventail dans la sphère privée, les arbres dans le voisinage des marais, les moulins à vent à rotation horizontale placés sur des traineaux, les véhicules de toute sortes sortes à l'intérieur des villes, l'ébranlement de l'atmosphère par les cloches, les explosions par le canon, l'effet des voiles sur les navires... Dans les lazarets, les marchandises suspectées de transmettre la peste étaient ventilées.
L'architecture des Lumières est obsédée par le besoin de faire circuler l'air et par le souci d'établir des courants d'air ascendants. La ville saine ne doit pas être entourée de murailles, car celles-ci gêneraient ce moyen de purification. Les rues se doivent d'être larges, les places, vastes, afin de favoriser la circulation des vents. Dans la même perspective, il convient que les édifices soient distants les uns des autres; et l'hôpital est conçu comme une "île dans l'air".
Espérons donc que cette plongée historique dans les manières de faire avec le vent multiplient les courants d'air! Comme l'a dit Joseph Joubert, cité par Alain Corbin en introduction: " Notre vie est du vent tissé."
Quatrième de couverture
La rafale et le zéphyr
Histoire des manières d'éprouver et de rêver le vent
Chacun peut éprouver le vent, sa présence, sa force, son influence. Parfois il crie et rugit, parfois il soupire ou caresse. Certains vents glacent, d'autres étouffent. Si l'homme a depuis l'Antiquité témoigné de cette expérience, il s'est longtemps heurté au mystère de ce flux invisible, continu, imprévisible. Le vent, aux traits immuables, échapperait-il à l'histoire ?
Il n'en est rien. Dans cet essai sensible, Alain Corbin nous guide au fil d'une quête initiée à la fin du XVIIIe siècle pour comprendre les mécanismes d'un élément longtemps indomptable. C'est le temps de nouvelles expériences du vent, vécues au sommet de la montagne, dans les déserts ou, pour la première fois, dans l'espace aérien. Se modifient alors les manières de l'imaginer, de le dire, de le rêver, inspirant les plus grands écrivains, à commencer par Victor Hugo.
Un champ immense se dessine aux yeux de l'historien ; d'autant que le vent est aussi, et peut-être avant tout, symbole du temps et de l'oubli.