La réunion de famille

L'enfance donne la clé d'une vie. La Réunion de famille, qui reprend le titre d'un magnifique tableau de Frédéric Bazille où les personnages semblent figés dans l'attente de l'enfant absent, est une fresque intime, vibrante, explorée par un petit garçon à tignasse rebelle qui ressemble à l'auteur comme un fils à son père. Retour aux sources, au commencement d'une vie, entre Bordelais et Armagnac, ce récit de l'innocence rompue par l'expérience de la guerre conserve intact l'émerveillement de la découverte. Michel Suffran fait ainsi d'une « terre de mémoire » un admirable pays de conquêtes sur lequel le temps n'a nulle prise.

« Voici donc les images immobiles et terriblement vivantes des gens de Mézin, ce village du Lot-et-Garonne où tout commence. Celles d'un Bordeaux embrumé, du Bordeaux du fleuve aux pavés luisants et sonnants. Voici la guerre à dix ans et la découverte, au coin d'une rue, de la haine au front bas. Voici dans l'embrasure d'une fenêtre de la rue d'Anjou, Guiguite, l'adolescente diaphane qui mourra à l'âge où la mort est un scandale, et cette autre, mystérieuse, dont l'existence n'est attestée que par une trace de sel d'argent sur une plaque de verre... »
Patrick Berthomeau, Sud Ouest.