La rivière

Qu'il saisisse une scène sur le vif (L'image) ou qu'il retrace le parcours de toute une vie (Le couple), qu'il s'exprime à la première personne du singulier (L'écart, L'île, La rivière) ou à la troisième, qu'il relate en deux scènes brèves l'histoire d'une magnifique amitié (La danse) ou d'un seul trait celle d'un désastre affectif (L'image), Philippe Napoletano confirme ici le don d'observation sensible qu'on avait admiré à la lecture de son premier recueil de nouvelles, Des gens (HB Editions, 1997). Ce qui nous touche dans ces portraits, c'est que l'auteur s'attache à des personnages ordinaires, comme on en croise tous les jours dans la rue, tout en dévoilant pour nous ce qui fait leur singularité, ce qui fait qu'ils ne sont justement pas ordinaires, pas plus que tout un chacun. C'est la force de la littérature que de magnifier ce qui tout à la fois nous rend autres - cette fêlure intime, ce doute - et semblables - humains, en somme.