La ruée vers l'ombre

Le deuxième recueil du poète Arthur Billerey aborde le thème des ombres dans le contexte particulier du réchauffement climatique, révélant à travers son élan poétique les tourments liés à l'éco-anxiété de sa génération. Avec un goût certain pour le jeu, la rime, la rupture, l'auteur fait s'entrechoquer des images en clair-obscur qui glissent de strophe en strophe avec un lyrisme que l'humour vient débarrasser de toute pesanteur (p. 23) :

tous les puits en général
ont la tête remplie d'eau
puisque l'eau est la mémoire

cependant j'en connais un
qui chaque été perd la tête
car les paysans le vident

aujourd'hui ce puits vidé
qui était de la région
ne savait plus son prénom

Par-delà les tristesses, les révoltes, les dégoûts, voici que la récréation de la langue donne à la parole du poète la force d'un plaidoyer, que l'auteur Sylvestre Clancier caractérise ainsi (pp.60-61) : « Quand l'homme attend une ombre [...] / qui nous protégerait de l'ingéniosité des feux / que nos oncles ont engendrés, le poète attend une ode / qui élargirait la rivière / où les bêtes du monde viendraient boire en écoutant / le silence de l'arc défait. »