La Sarrasine

Une bande de jeunes. Momentanément saltimbanques. Tous cabossés par le sort. Et quelles cabosses ! Puisqu'il s'agit de deuils.

Une brume légère d'abord. Puis s'épaississant jusqu'à la viscosité. Une légende corse. Issue de ces mers brumeuses mortelles au voyageur égaré.

Une géante chaleureuse en sa ferme bressane à l'antique cheminée sarrasine.

Une femme refusant le terme d'une grossesse voulue et non voulue à la fois.

Et reliant ces éléments du puzzle une approche de l'Arioste et de son "Roland furieux" où s'élabore une communauté de destin. Car la croisade ne peut plus être que la croisée des regards, des manières d'être et de vivre le monde. Sauf à le détruire.

Convoquer "Le Roland furieux" pour donner substance à une communauté de destin alors que ce poème illustre le conflit millénaire opposant l'Orient à l'Occident ? Paradoxe baroque...

Evoquer l'œuvre du poète de Reggio Emilia dans un roman mettant en scène de jeunes corses et des beurs insulaires serait-ce un très vilain irrédentisme ? Non, tant ces strophes sont intégrées à l'imaginaire de l'île, qui a revisité et habité le poème à son aune.