Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 223 pages
Poids : 280 g
Dimensions : 14cm X 22cm
ISBN : 978-2-7071-4766-0
EAN : 9782707147660
La société des victimes
Les libraires en parlent
« Expliquer à un étranger ce qu’est un intellectuel relève de la gageure. C’est que le mot est difficile à traduire. Hors de l’Hexagone, on connaît l’universitaire, le journaliste ou l’écrivain ; l’intellectuel, quant à lui, désigne une population plus exotique. Chez nous, en revanche, l’espèce est familière ; elle descendrait en droite ligne de Voltaire et de Zola et mettrait sa réputation au service d’une cause. En somme, pour faire son métier, l’intellectuel a besoin d’une plume et d’une victime. » (p.106)
Depuis quelques années la « victime » au sens large est au cœur d’une problématique sociale aussi complexe que préoccupante. Complexe car ce terme recouvre un large éventail de faits et de situations qui vont – ce n’est qu’un exemple d’échelle – de la victime d’une escroquerie invitée sur un talk-show télévisé jusqu’aux souffrances endurées par les populations dans les pays en guerre. Problématique préoccupante car elle entretient une escalade compassionnelle largement entretenue par des médias, des ONG, des intellectuels et des personnalités politiques toujours prompts à servir la souffrance des autres à une opinion publique avide d’émotions. Ainsi l’émotion supplante-t-elle la raison, le témoignage tend à éradiquer tout questionnement et la souffrance bien réelle n’est qu’instrumentalisée. « Le victimisme » menace-t-il l’humanisme ? Que deviennent justice républicaine et démocratie dans une société ou cette nouvelle catégorie sociale constituée des victimes se retrouve au centre de toutes les attentions ?
Telles sont les questions soulevées par le sociologue Guillaume Erner dans cet essai très convainquant. Il s’appuie sur des exemples concrets pour nous faire comprendre avec une pertinence parfois amusée, toujours incisive que le consensus compassionnel est malheureusement devenu un langage dominant sur lequel la raison a de moins en moins de prise.
Quatrième de couverture
La société des victimes
Que resterait-il de l'actualité s'il n'y avait plus de victimes ? Il suffit de jeter un coup d'oeil à la télévision pour s'en rendre compte : du journal télévisé aux émissions de divertissement, la souffrance fascine et occupe le devant de la scène. Pourtant, on aurait tort de réduire cette omniprésence à une simple mode médiatique. Car c'est le signe d'une évolution profonde de nos sociétés démocratiques : autrefois, les victimes avaient honte de leur condition, aujourd'hui la reconnaissance de ce statut est devenue un enjeu, donnant naissance à une nouvelle catégorie sociale. Autour des victimes, un consensus compassionnel s'est mis en place, par lequel les médias, les politiques, les ONG et certains intellectuels apportent à une opinion publique consentante son lot quotidien de souffrances. C'est cette alliance objective qui façonne notre « société des victimes ».
Pourquoi un monde qui n'a jamais semblé aussi inégalitaire, individualiste et cruel se soucie-t-il autant des victimes ? C'est ce paradoxe que propose d'explorer cet ouvrage incisif. Au sein du consensus compassionnel, la charité aspire à remplacer la solidarité, l'exception se substitue à la règle, l'émotion prend le pas sur la raison et l'instrumentalisation de la souffrance se traduit de multiples manières : des enjeux politiques biaisés et pervertis, une justice kidnappée par la victime, une rivalité mimétique incessante entre les communautés... La cause de la victime en est venue à servir l'injustice. Et le victimisme menace désormais l'humanisme.