La soupe des autres

Valérien, abandonné par sa mère peu de temps après sa naissance, est recueilli par Bertille, qui l'élève en même temps que sa propre fille, Jeannette. Les deux enfants grandissent ensemble, entre chamailleries et fous rires de gamins. Sur les bancs de l'école, tout les sépare : Jeannette est brillante ; Valérien, bègue, est en butte aux railleries des autres gamins.

Le temps passe et Jeannette, toujours plus belle, est convoitée par un autre. Valérien, le coeur endolori, assiste de loin au bonheur tout neuf de sa soeur de lait...

«On va peut-être voir une fée tout à l'heure, dans la cazelle ? disait Jeannette, dont l'oeil brillait.

- Plutôt un sanglier, ajoutait Valérien, l'air fanfaron. Dans les bois, il y en a des méchants, mais s'il en vient un, papa Victor le tuera, il est fort et il tire au fusil.

- D'abord, répliquait la petite, pincée, c'est pas ton papa, c'est le mien.

- Le mien aussi, insistait le garçon avec un aplomb mal assuré.

- C'est pas vrai. Demande à mamati. Toi, t'as pas de papa, mais je te prête un peu le mien.»