Fiche technique
Format : Relié sous jaquette
Nb de pages : 216 pages
Poids : 1610 g
Dimensions : 24cm X 30cm
EAN : 9782850881916
La toile de Jouy
Quatrième de couverture
Toile de Jouy : ce terme évoque immanquablement des tissus à fond blanc sur lequel se détachent des scènes champêtres aux graciles protagonistes. En réalité, les productions de la manufacture Oberkampf furent remarquablement plus variées. De fait, les toiles de Jouy furent d'abord et avant tout des cotonnades imprimées aux XVIIIe et XIXe siècles par cette manufacture installée dans le petit village de Jouy-en-Josas, à quelques lieues de Paris et de Versailles, qui occupait un rôle de premier plan depuis l'arrivée de la cour.
Toutefois, pour comprendre le rayonnement des productions de Jouy, il faut analyser ce qu'il se passait au XVIIe siècle. À cette époque arrivent en Europe des étoffes chamarrées comme on n'en avait encore jamais vu : les indiennes. Ainsi nommées car importées des Indes, elles se distinguent des tissus traditionnels par le fait que leurs motifs sont obtenus par impression, et non par tissage de fils de couleur. L'engouement est immédiat et à ce point intense qu'en 1686, sous la pression des corporations nationales menacées, le Conseil d'État en interdit non seulement l'importation, mais également la production et l'utilisation. Cependant, de multiples renouvellements de l'interdiction n'y feront rien - la mode est trop forte -, et en 1759, sa levée donne le coup d'envoi au développement de l'impression sur coton.
Christophe-Philippe Oberkampf, qui est né et a grandi outre-Rhin, dans un pays non touché par la prohibition des indiennes, possède le savoir-faire nécessaire à leur production. Arrivé à Paris en 1758, il transfère bientôt sa manufacture près des eaux pures de la Bièvre, à Jouy. Le succès ne se fait pas attendre : en 1805, 1 322 ouvriers sont employés par la fabrique.
Les tissus qui en sortent sont destinés à l'ameublement comme à l'habillement. La gamme de motifs qui les ornent, monochromes et polychromes, est impressionnante : semis de fleurs, fleurs stylisées et autres «bonnes herbes», losanges, cercles, rayures, «écailles imbriquées» multicolores... et, bien sûr, personnages. Là encore, la diversité est de mise. Outre les célèbres pastorales, la manufacture imprime des toiles s'inspirant de la mythologie, de la littérature ou des événements de l'époque, comme Le Ballon de Gonesse et L'Hommage de l'Amérique à la France.
C'est une plongée dans ce passé que propose cet ouvrage grâce à bon nombre de pièces et de documents d'archives rassemblés au musée de la Toile de Jouy, à Jouy-en-Josas, en partie situé dans les vestiges de la manufacture Oberkampf. Robes, tentures, parures de lit, mais aussi albums d'échantillons, de dessins, de modèles gouachés - les empreintes - font revivre le raffinement de l'époque où la toile imprimée régnait en maîtresse, raffinement que le lecteur pourra goûter au fil des pages du présent livre.