La vallée de la Brune

Comme la Thiérache tout entière, la vallée de la Brune était faite pour la paix et la fertilité ; tout l'y prédisposait : en particulier la composition de son sol et la nature de son climat qui permirent aux habitants des lieux d'y pratiquer la culture et l'élevage, après avoir âprement défriché la forêt omniprésente. Mais envahis de tout temps par des bandes guerrières anglaises, bourguignonnes et espagnoles, les Thiérachiens décident de fortifier leurs églises et de construire des édifices imprenables où ils pourront non seulement se réfugier, mais aussi se défendre et combattre. Ce sont ces sentinelles puissantes qui se dressent aujourd'hui encore à travers toute la Thiérache et parmi lesquelles nous avons choisi de décrire celles de Rogny, de Prisces, de Burelles et de Gronard, tout en relatant l'histoire des localités elles-mêmes. Historiquement, la construction de ces monuments qui sont l'expression d'un art populaire authentique s'était faite en deux temps : la partie spécifiquement religieuse remontant à une période qui allait du XII^e au XV^e siècle et la partie militaire à la seconde moitié du XVI^e siècle et au début du XVII^e. La volonté de cette réalisation prit corps après la guerre de Cent Ans : les abbayes incitaient alors leurs fermiers à se fortifier (à Foigny, Eparcy, Watigny...), les fondeurs d'Hirson élevaient des forts pour faire face aux incursions des Espagnols, les seigneurs renforçaient leurs dispositifs de défense et les communautés d'habitants décidaient de fortifier les églises rurales.

Naturellement, l'évocation de ces pôles culturels de la vallée de la Brune est au centre de cet ouvrage, avec leur histoire et leur description détaillée ; mais il y a aussi les anecdotes qui s'y rattachent, comme l'émeute de Prisces au XIX^e siècle qui vit les femmes rebelles se retrancher dans le donjon de l'église ; le rappel des origines des domaines et des seigneuries et les châteaux disparus de Rogny et de Lugny ; les données étymologiques (Gronard, issu de Grounard, Gronnard, Grosnart, Grosnard...) ; les précisions indispensables sur la géographie physique, historique et économique des villages et leur évolution démographique ; les légendes attachées aux lieux qui sont toujours une forme de réalité transposée (l'histoire de la cave des Varènes pour Burelles) ; les grands faits religieux comme le pèlerinage à la fontaine dite miraculeuse de Saint-Thiou à Gronard ; la vie dans les communes au fil des siècles (la santé, l'instruction publique, les diverses formes d'activité) ; et enfin l'histoire récente, avec l'état des lieux effectué, en ce début du 3^e millénaire, par les maires des quatre localités.