La vallée de la Vézère en Périgord

Avec ses hautes falaises calcaires entourées de forêts, ses cingles et ses plaines alluviales préservées, la vallée de la Vézère offre tous les signes d'une authenticité « naturelle » qu'on croirait remonter aux temps préhistoriques. Ce sont pourtant des paysages façonnés au fil des siècles par l'activité humaine que l'on peut contempler aujourd'hui. Dès l'Antiquité et l'implantation de villae sur les berges de la Vézère, puis au Moyen Âge avec l'expansion des réseaux ecclésiastiques et seigneuriaux, l'homme a su transformer et exploiter son milieu naturel, développant vignobles et plaines cultivées. Par sa diversité et sa qualité, l'architecture de la vallée illustre l'évolution de ces paysages.

Si la vallée de la Vézère en Périgord est surtout connue pour ses sites préhistoriques classés par l'Unesco, elle n'en demeure pas moins exceptionnelle par son patrimoine architectural et paysager. Des forêts séculaires aux terres agricoles, des habitats troglodytiques aux châteaux qui surplombent la rivière, des bourgs ruraux aux fermes isolées, de Lascaux aux Eyzies, ce livre fait la part belle à l'image pour révéler les richesses naturelles et patrimoniales de ces paysages. S'offre ainsi au lecteur, ce voyageur immobile, un « dépaysement » inattendu dans des lieux uniques.

La Nouvelle-Aquitaine se distingue par la diversité, la densité et la qualité de son patrimoine culturel qui en font l'une des premières régions de France dans ce domaine. Au coeur de cette mosaïque territoriale, marquée par de fortes identités, le département de la Dordogne, et en particulier la vallée de la Vézère, ne laisse pas de nous surprendre par une richesse et une authenticité qui constituent des atouts majeurs pour son développement, comme l'illustre sa forte attractivité touristique.

Consciente de ces enjeux, la Région Nouvelle-Aquitaine, en partenariat avec le Département de la Dordogne, a décidé de mettre en oeuvre une politique ambitieuse et cohérente dans la vallée de la Vézère. L'étude exhaustive de son patrimoine architectural, dans le cadre de notre compétence régionale de l'Inventaire général, a constitué de ce point de vue un préalable indispensable à la compréhension de ce territoire, comme un gage de qualité des actions conduites en matière de valorisation. Le soutien à la restauration des Monuments historiques demeure par ailleurs essentiel, tant sur le plan du développement économique de cette filière qu'au regard de l'impérieuse nécessité de transmettre aux générations futures un patrimoine en bon état de conservation, tout comme est indispensable le soutien à des structures de médiation contribuant à le faire découvrir à un public le plus large possible.

Il s'agissait également de doter la vallée d'équipements structurants capables de la faire rayonner au-delà de ses limites territoriales grâce à un partenariat exemplaire entre l'État, la Région et le Département. La création du Pôle international de la Préhistoire aux Eyzies-de-Tayac-Sireuil et l'ouverture d'un nouvel espace d'interprétation de Lascaux, dans le contexte de la sanctuarisation de la colline abritant la grotte originelle, ont participé à ce rayonnement.

Mais si la vallée de la Vézère est connue internationalement pour son exceptionnel patrimoine préhistorique, à la tête duquel la grotte de Lascaux fait figure de joyau universel, elle recèle bien d'autres atouts. La continuité de l'occupation de certains sites au fil des siècles, l'exploitation permanente de ses ressources naturelles et le rôle joué par ce territoire ont donné aux paysages de la vallée une épaisseur historique et une architecture abondante, qu'elle soit savante ou vernaculaire. Or, le plus difficile réside bien dans la compréhension des transformations que ces paysages ont subies au cours de leur histoire, sous l'effet du développement des activités humaines ou de leur abandon pour certaines d'entre elles. Loin de toute projection idéaliste d'une image prétendument originelle et authentique, les paysages de la Vézère ont été d'abord forgés par l'homme.

Aussi, à l'heure où, plus que jamais, nous nous interrogeons sur le lien entre société et environnement, ce livre nous offre de précieuses clefs de lecture sur ce territoire. Il nous donne à voir pour la première fois des paysages complexes dans toute leur amplitude spatiale et temporelle. Avec cet ouvrage, désormais, nous ne pourrons plus regretter, comme François de Belleforest au XVI^e siècle dans La cosmographie universelle de tout le monde, de ne pas avoir « lu et vu l'origine de ces choses ».

Nous vous souhaitons à toutes et à tous une lecture des plus enrichissantes.