Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 288 pages
Poids : 434 g
Dimensions : 16cm X 24cm
EAN : 9782271052919
La voix des mythes dans la tragédie élisabéthaine
Quatrième de couverture
La Renaissance en Angleterre vit la création des théâtres publics et l'apparition d'une nouvelle génération d'auteurs, les "University Wits". A travers les oeuvres de Shakespeare et de Marlowe, Yves Peyré montre que tout en respectant les conventions d'une rhétorique mythologique, la tradégie élisabéthaine en met en scène les subversions. L'écriture mythologique, polysémique et contradictoire, alimente ainsi le jeu de l'ironie et la tension dramatique, ressorts intimes du tragique élisabéthain.
La tragédie élisabéthaine doit en partie à sa situation historique la vitalité de son écriture mythologique ; c'est d'abord l'époque où la naissance des théâtres publics et l'arrivée d'une nouvelle génération d'auteurs, les University Wits, permettent l'osmose féconde d'une culture savante et d'une dramaturgie populaire, selon toute une variété d'expérimentations. Au même moment, l'idée que toute connaissance est enclose dans la mythologie des Anciens conduits les hommes de la Renaissance à effectuer un immense travail de "déffrichement", dans lequel ils sont amenés à formuler, préciser et développer leur propre pensée. En se réappropriant le langage des mythes, la tragédie élisabéthaine met en jeu la réversabilité des signes, les fractures du sens, la provoquante inadéquation de l'image. Ainsi se constitue, dans l'oeuvre de Shakespeare, de Marlowe et de leurs contemporains, une mythologie originale dans laquelle s'exprime un imaginaire tragique : tout ce qui porte atteinte aux idéaux combinés d'une harmonieuse synthèse (integratio) et d'une force de renaissance (renovatio) devient sujet d'angoisse et envahit l'univers de la tragédie. Au moment où toutes les certitudes s'effondrent, la sécheresse stérile, la prolifération maligne, la décomposition, l'épaississement malsain, les divorces et les dépeçages suscitent et nourissent les grands monstres de l'esprit et du coeur. Lorsque est enfin passée la tempête, dans l'aube indécise que tentent d'étrangler quelques lambeaux de nuit, l'homme demeure seul face aux mythes qu'il se forge, dont il sait qu'ils finissent toujours par l'écraser, et sans lesquels pourtant il ne saurait survivre.