Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 238 pages
Poids : 300 g
Dimensions : 14cm X 21cm
ISBN : 978-2-35687-143-5
EAN : 9782356871435
Lacan (Freud) Lévi-Strauss
chronique d'une rencontre ratée
Quatrième de couverture
Que peut-on dire, encore, sur les rapports entre Jacques Lacan et Claude Lévi-Strauss ? Beaucoup, si on libère la psychanalyse et l'anthropologie de la lecture dominante selon laquelle Lévi-Strauss aurait fourni à Lacan la boussole de la linguistique structuraliste pour orienter son retour à Freud.
Questionner cette vérité, ce lieu commun, c'est interroger ce « roman scientifique » comme un roman familial. Ce prétendu dévoilement d'un refoulé n'est-il pas avant tout une manière de maintenir, contre vents et marées, ce leitmotiv d'une irréductible inscription de Lacan dans la filiation de Lévi-Strauss ?
Cet ouvrage démontre que cette conception largement partagée ne consiste qu'à répéter la version officielle que Lévi-Strauss présente de l'origine de la théorie structuraliste. Il introduit au mouvement de l'enseignement lacanien, pour y repérer les références à la théorie lévi-straussienne, les concepts empruntés et leur redéfinition, grâce auxquels Lacan s'emploie à construire sa propre théorisation. Conjointement, il interroge le silence et le manque de considération dont fait preuve l'anthropologue à l'endroit du psychanalyste. Il invite ainsi le lecteur à mieux comprendre l'impossible rapprochement entre ces deux auteurs puis l'irrémédiable éloignement du psychanalyste.
Reconnaître le ratage de la rencontre entre Lévi-Strauss et Lacan peut alors ouvrir, pour l'anthropologie et la psychanalyse, un nouvel horizon d'échanges dans lequel la notion de don s'avère prometteuse. En s'engageant dans cette voie, la psychanalyse ne pourrait-elle pas contribuer au renouvellement actuel des sciences sociales et ainsi reprendre sa place légitime dans laquelle l'a inscrite l'invention freudienne ?
Psychanalyse, sciences sociales et politique
Les héritiers de l'invention freudienne sont sans cesse confrontés à un problème non résolu, ou plutôt non analysé, du père de la psychanalyse. Chacun connaît l'idéal - ou l'illusion - qui fut le sien jusqu'à la fin de sa vie : trouver un ancrage biologique à l'inconscient. Pour autant, chaque fois que Freud précise quelles sont les disciplines qui doivent faire partie de la formation d'un psychanalyste, ce sont les sciences sociales qui sont convoquées. Par ailleurs n'est-ce pas à elles qu'il fera appel pour donner un fondement à la théorie psychanalytique ?
Malgré cette claire orientation, au-delà de quelques emprunts réciproques, le dialogue entre psychanalyse et sciences sociales n'a été qu'une série de rendez-vous en grande partie manqués. Comme si la première refusait de formuler l'anthropologie - la conception de l'homme - qui la soutient et à questionner les cadres sociologiques et historiques des processus de subjectivation. Et la seconde d'affronter dans toutes leurs conséquences, notamment l'énigme de l'inconscient et la prégnance du symbolique.
Cette collection se propose de frayer de nouvelles voies de passages en accueillant des ouvrages qui renouvellent le rapport de la psychanalyse avec les sciences sociales.
Restaurer et réinventer un tel dialogue invitent ainsi la psychanalyse non seulement à contribuer au renouvellement actuel des sciences sociales (et vice-versa) mais aussi à renouer avec une autre de ses dimensions trop longtemps négligée, sa dimension critique et politique. Revenir sur cette dimension longtemps oubliée - dépréciée ? refoulée ? niée ? - n'est-ce pas aujourd'hui un devoir éthique pour rendre à la psychanalyse sa place possible et légitime dans la Polis ?