Fiche technique
Format : Broché
Nb de pages : 552 pages
Poids : 780 g
Dimensions : 16cm X 24cm
EAN : 9782747594547
Le cardinal Malula et Jean-Paul II
dialogue difficile entre l'Eglise africaine et le Saint-Siège
Quatrième de couverture
Quand l'on parle de l'inculturation en matière liturgique et des rites inculturés en Afrique, l'on pense spontanément au «rite zaïrois» et à l'un de ses plus éminents initiateurs, le cardinal Joseph-Albert Malula, archevêque de Kinshasa. En effet, approuvé par le Saint-Siège le 30 avril 1988 sous la dénomination de «Missel romain pour les diocèses du Zaïre», ce rite de la célébration eucharistique, dit «messe zaïroise», a constitué son principal cheval de bataille.
Ce livre décrit le combat pour une «Eglise africaine» de cet évêque hors du commun, qui commence vers 1953, sept ans après son ordination sacerdotale. En juillet 1959, Malula est nommé évêque auxiliaire de la capitale. A cette occasion, il promet de constituer «une Eglise congolaise dans un Etat congolais», «une Eglise qui, explique-t-il, revêt un visage vraiment congolais, dans son expression théologique et philosophique, dans l'évangélisation et également dans sa liturgie. Il faut que les valeurs congolaises, les valeurs africaines soient insérées dans la liturgie, afin que le peuple comprenne de quoi il s'agit, quelque chose qui prouve que l'Eglise c'est leur Eglise, et pas quelque chose d'importé. Mais, au contraire, que c'est quelque chose d'incarné». Ce sera le programme de sa vie.
De 1962 à 1965, Malula participe activement au Concile Vatican II, comme (le seul Africain) membre de la Commission liturgique. Ce Concile, qui appelle à l'aggiornamento de l'Eglise et notamment à la restauration liturgique, constitue pour lui une «véritable révolution copernicienne». Il l'évoquera pour concrétiser son grand projet d'inculturation, dont les premiers fruits tombent, en 1967, avec l'apparition des religieuses «authentiquement africaines» (s'habillant notamment en pagne) et, en 1975, avec la mise en oeuvre de la «messe en rite zaïrois» et l'installation des bakambi, des laïcs mariés à la tête des paroisses. C'est à partir de 1980 que Jean-Paul II découvre ces innovations, et en discutera longuement et passionnément avec Malula (à Kinshasa et à Rome).
Si le «rite zaïrois» obtient l'indult romain, le «phénomène bakambi» n'est pas toujours reconnu par le Saint-Siège, même s'il semble être toléré. Jusqu'à sa mort le 14 juin 1989, le cardinal Malula se battra pour la reconnaissance de cette grande idée, ainsi que pour d'autres, dont celle de convoquer un Concile africain pour procéder à l'évaluation et à la fondation définitive du «christianisme africain». Mais Jean-Paul II lui opposera un banal Synode romain pour l'Afrique...
Relativement aisé avec Paul VI, qui invitait les évêques du Continent noir à fonder un «christianisme africain», le dialogue n'est donc pas facile entre Malula et Jean-Paul II, entre l'«Eglise africaine» et le Siège apostolique. Pour Jean-Paul II, "le rite chrétien doit garder son lien substantiel avec la liturgie catholique, universelle" ; les Africains doivent éviter de se refermer sur eux-mêmes, de "se laisser constituer une philosophie et une théologie de l'«africanité» qui seraient uniquement autochtones" et dans lesquelles "le christianisme ne serait plus qu'une référence verbale, un élément artificiellement surajouté".
Après la mort du fondateur de l'Eglise africaine, celle-ci sera quelque peu «malmenée» par Rome, qui ne trouvera pas en face d'elle, pour lui résister, un homme énergique de la trempe du défunt, capable de tirer la locomotive africaine...